Denis Hopper est mort, samedi.
Hommage à un mec bien, peintre à ses heures perdues, acteur dans "Giant" et "La fureur de vivre" aux cotés de James Dean, "Apocalypse now", "Blue velvet'...
Mais aussi réalisateur héroîque d'"Easy Rider" dont l'hymne "Born to be wild" de Steppenwolf accompagne souvent mes ballades : http://www.youtube.com/watch?v=mJS8j9YYB9w
Des plumitifs inspirés ont écrit ceci:
"Par une sorte de mouvement de répulsion, Dennis Hopper dresse dans Easy Rider (1969) un portrait au vitriol d'une Amérique agitée.
C'est à travers le périple de deux hippies californiens, Billy (Dennis Hopper) et Wyatt (Peter Fonda), que le malaise de l'Amérique trouve son écho le plus juste. Après un repas partagé avec des fermiers accueillants, symboles de ce que le XIXe siècle aurait dû léguer à l'Amérique actuelle, ces deux hippies motards s'enfoncent, par une progression à rebours d'ouest en est, dans un pays toujours plus inhumain et qui finit par les assassiner au bord d'une route. Billy et Wyatt, deux garçons écrasés par une société-carcan, par une civilisation de la médiocrité, décident de partir pour le carnaval de La Nouvelle-Orléans. Cette conquête de l'Amérique qui se voulait à visage humain, se solde par l'échec, la mort et le triomphe du conformisme.
Easy Rider revisite le mythe de la Conquête de l'Ouest, très cher aux Américains. Le film se présente comme un manifeste de la contre-culture, conduisant à mettre en cause les frontières du normal et du pathologique, du légal et de l'interdit. Ce pays qui avait si longtemps repoussé les frontières, se retrouve confronté à lui-même, dans une sorte de face à face d'où ne peut sortir qu'un vainqueur. Dans la lignée du mouvement intellectuel de 1968, Easy Rider annonce ce courant de dénonciation d'une Amérique des extrêmes, une sorte de "bébé géant qui s'amuse avec des explosifs", pour reprendre l'expression d'Henry Miller. Musique et mysticisme marchent au coude à coude dans ce western moderne, où l'antimatérialisme cohabite avec une croyance des bienfaits de la connaissance de soi : hallucinogènes (la fameuse scène du trip au LSD dans un cimetière), danse, alcool étant censés ouvrir la voie des paradis artificiels, ces havres de paix qui masquent un enfer de la perdition. Pour la plupart des Européens, Easy Rider a confirmé leur propre image de l'Amérique, un microcosme où sont étroitement mêlés puritanisme et débauche, mesure et excès.
Toutefois, il serait simplificateur de limiter le projet de Dennis Hopper à une révolte anarchisante. Son exigence est, me semble-t-il, plus profonde. A son point de départ il y a la constatation d'une rupture. L'Amérique vit dans des idées, à moitié recluse dans l'idéalisme, noyée dans l'illusion du moralisme. L'expérience pionnière de la "frontière", le mythe du parcours sans entraves de l'homme dans un espace vierge et libre se muent en raidissement et perte d'orientation. Easy Rider n'est pas qu'un vagabondage mais une sorte de quête spirituelle qui ne peut aboutir sans frôler la désillusion et la mort.
Ce film pamphlétaire s'attache à examiner de manière quasiment iconoclaste les préjugés culturels qui se dissimulent derrière les systèmes de signes. Les deux anti-héros épris de liberté se heurtent sans cesse à un ordre immuable où tous les individus apparaissent comme assujettis à des codes, des règles. Easy Rider n'est en rien un appel à la transgression; c'est plus largement le procès de l'intolérance et de l'indifférence. Car cette Amérique n'empêche pas de faire; mais elle réprime sévèrement ce qui lui semble déviant. Cette Amérique qui se veut une et indivisible ne supporte pas la contestation."
La messe est dite.
Easy Rider, orphelin...
Modérateur : Modérateurs Forums Généraux
Emission Hommage à Dennis Hopper
http://www.tv-radio.com/ondemand/france ... 100530.ram
ou le mp3 en direct
http://media.radiofrance-podcast.net/po ... 7273-0.mp3
Bonne écoute
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Il y a 10 types de personnes dans le monde : celles qui comprennent le binaire, et celles qui ne le comprennent pas.