Philippe a écrit : ...lorsque objectivité, bonne foi et volonté d'apporter à son prochain sont réunies, les solutions ne sont jamais loin...
De retour d’une divine balade avec cette moto sur laquelle je devrais tant m’ennuyer -d’après le scooterman supersonique- avant qu’elle ne rouille -d'après l'informaticien métérologue-, je me voyais bien trainer ma fatigue et mes courbatures dans la douce indolence d’une fin de dimanche après-midi paresseuse.
La lecture du forum m’aura indigné: tel un vieil indien, le Rider sort donc de sa réserve même le dimanche pour protéger les jeunes populations naïves des allégations vénéneuses d’un insidieux nipponophile fanatique, à l’âme grise comme son réservoir.
«
Il » aura vraiment tout tenté pour nous éloigner du sujet et noyer le poisson: un coup il s’agit d’évoquer le marché mondial et les 17 millions de 2 roues vendus en Chine, une autre fois tenter de nous aiguiller vers une étude pseudo-scientifique du marché de l’occasion qui serait chasse-gardée des machines japonaises, au titre d’une prétendue fiabilité exceptionnelle. Allez,Rookie, une fois tu perds l’avant, le tour suivant tu arrondis large dans les graviers : m’est avis que cette bécane grise va partir au tapis dans le prochain tour, tant ses trajectoires ne sont plus contrôlées.
Ces 2 arguties sont à coté du sujet posé, (= les roues ne sont plus en ligne): «
la part des japonaises sur le marché français de ventes neuves est passé en 20 ans de 90 à 60% et aucune marque de l’Archipel ne progresse depuis 3 ans . Pourquoi ? »
Nous laisserons donc de coté le marché mondial et le marché chinois, nous ne parlons que du marché français.
Nous laisserons également de coté cette fois-ci le marché de l’occasion, et nous resterons sur le seul marché du neuf, celui dont on discute depuis le début. L’analyse des offres de motos de 100 à 150 000 kms sur la Loire Atlantique (
http://www.leboncoin.fr/motos/offres/pa ... &me=150000 rendrait d’ailleurs bien erratiques les conclusions du Kraig IV S2 Pro de l’ami de mon ami (et après on s’étonne des erreurs météo…). N’ayant eu dans ma vie que des motos d’occasion, je mets de coté un futur sujet sur l’étrange engouement pour les motos neuves; pour le même prix, on peut s’offrir une occasion de qualité supérieure. Plus tard, on verra ce sujet mais là, l’actualité commande…
Pour ma part, je pense que les nipponnes perdent 1/3 de leur part de marché du neuf en 20 ans essentiellement parce que leur « stratégie » s’intéresse prioritairement aux marchés de masse : scooters, « commuters » -qui ça?-, Chine, Indonésie (rappel du marché mondial de Yamaha : 14 % pour l'Amérique du Nord, 17% en Europe, 43 % en Asie et 11 % au Japon)=> l’Europe ne les intéresse pas plus que ça, d’autant que les attentes y sont spécifiques et élitistes en termes d’aboutissement des produits attendus.
Excellente stratégie pour servir l’actionnaire, sans doute, …mais il se trouve que comme beaucoup d’autres en France (40% des acheteurs de neuf aujourd’hui), je ne goûte guère les scooters, je ne suis absolument pas un «
commuter » mais bien un belou esthète des routes viroleuses et grand amateur de longues balades et de sensations mécaniques, et que mes attentes sont bien différentes de celles des chinois ou des malais, ce que j’assume en me décernant tout de suite une lampée de stout à ma santé (
peut être encore un peu fraîche, mais ça va s’arranger). C’est sans doute pour cela que les japonais « parlent » bien moins qu’avant aux européens et que les marques du vieux continent –allez, pour une fois on arrimera les rosbifs à la cause- nous concernent de plus en plus. Aucune marque moto européenne n’a une vision mondiale de son marché (ouf !), leur terrain de jeu essentiel reste l’Europe et leurs chignoles sont donc adaptées à ses codes exclusifs.
Il reste pourtant un avantage majeur aux japonais, qui les protège efficacement : il faut aujourd’hui un grand esprit d’aventure ou un solide optimisme pour choisir une « marque originale », surtout pour ces motos modernes dont la sophistication électronique rend tout entretien personnel bien limité. Une des clefs d’un choix raisonnable devient la confiance dans une marque qui garantit un SAV efficace, pour que la moto roule et garde une valeur marchande à la revente. Sans cela, même avec une moto exceptionnelle, il est irréaliste de présenter une offre crédible pour le plus grand nombre. J’ai rêvé des Voxan, Moto Morini propose peut être un des meilleurs roadsters de la production avec sa Corsaro, Guzzi a des charmes mécaniques incomparables qui mériteraient plus d‘audience.
N’empêche : sans pérennité avérée de la marque, un approvisionnement régulier des pièces et la compétence d’un vrai réseau de concessionnaires qualifiés, on consent à renoncer à chercher sa part de rêve, d’originalité ultime par une machine vraiment identitaire. C’est ainsi que j’ai écarté une belle italienne qui m’avait pourtant bien emballé, il y a de cela 2 ans : mon choix a été raisonnable, puisque Germaine roule beaucoup et ne rouille pas. Triumph (
ma Stout est bien, là !) a réussi avec beaucoup de talent à amener en moins de 20 ans sa marque à cette taille critique qui permet à ses belles machines de se battre avec les japonaises sur le marché européen. Une marque américaine et une allemande, dont l’anonymat cautionne ici mon indépendance de jugement, apportent également ce crédit préalable à un achat confiant.
«
Lorsque les gros dépérissent, les maigres meurent ».
De même, les exigences modernes font la part belle aux gros industriels, dans la durée. On devrait donc entendre encore longtemps des 4 cylindres sur nos routes. Et c’est tant mieux. Et perdre en cours de route des fabricants inspirés de la passion des belles motos. Et c’est grand dommage!
Reste que les belles anciennes, du temps des carburateurs, –et il y a là de magnifiques japonaises à coté d’italiennes, anglaises, et américaines … - hanteront longtemps les rêves de certains (ah, un vrai beau Café Racer épuré…), pour ceux qui ont de l’or dans les mains pour les concevoir et les entretenir. Pour moi c’est malheureusement raté, j’ai 2 mains gauches et ça ne s'opère pas.
Vous ai-je dit comme c’était bon de rouler aujourd’hui dans la nature, « quelque part » au Nord de Nantes ? Dommage, j’ai déjà fini ma bière…