Bien plus que de dispenser de simples conseils ou trucs de "vieux briscards", ce CPM "comportement et expérience" a un objectif plus global et une portée bien plus importante: vous aider à mettre en place et développer votre propre stratégie de conduite.
Une stratégie de conduite ? Késako ?
La stratégie de conduite constitue la toute première ligne de défense du motard face aux dangers. C'est pourquoi il est important de ne pas la négliger.
Pour mieux comprendre ce que c'est et à quoi ça sert, il faut remettre les choses en perspective: Qu'est-ce qui sépare le motard des blessures que peuvent lui causer un accident ?
D'après Pat Hahn - qui est en quelque sorte un FlatFab à la sauce américaine

- , il existe 3 niveaux de séparation:
- La stratégie de conduite du motard
- Sa capacité à effectuer rapidement et efficacement toute manœuvre nécessaire
- Son équipement de protection
L'ordre de ces niveaux de séparation n'est pas aléatoire, il est important:
- Si par votre vigilance et votre anticipation, vous avez détecté une situation dangereuse bien avant d'y arriver dessus (disons 10 à 12 secondes avant), alors vous avez largement eu le temps de réagir en amont pour faire en sorte que la situation ne soit plus dangereuse à votre arrivée (adaptation de la vitesse, changement de file, freinage anticipé, signalement de votre présence, ...)

- Par contre si vous vous êtes fait surprendre et avez découvert la situation dangereuse seulement 2 à 3 secondes avant d'arriver dessus
, il va alors vous falloir faire appel à votre bagage de maîtrise de votre véhicule, et ce en situation réflexe. Vous allez alors devoir effectuer un freinage d'urgence, un évitement, peut-être une combinaison des 2, ou une autre manœuvre, en ayant à peine le temps d'y réfléchir. C'est là que les CPM mania et freinage peuvent vous aider à développer ce niveau de séparation pour vous aider à réussir ce genre de manœuvre.
- Mais parfois, la maitrise de la manœuvre salvatrice n'est pas totale, ou bien elle ne permet pas d'éviter la chute, mais ne fait qu'en limiter la force de l'impact. Dans ce cas, il ne vous reste plus que le troisième degré de séparation pour limiter les dégâts: votre équipement. Il y a d'ailleurs un CPM équipement prévu plus tard dans l'année afin d'aider à optimiser ce niveau de séparation.
La stratégie de conduite est donc la première ligne de défense du motard.
Elle consiste à détecter le plus en amont possible toute source de danger potentiel et à agir en conséquence pour s'en prémunir.
Pour détecter, il faut observer. Observer son environnement à proximité immédiate (état du bitume juste devant nos roues,...), mais aussi là où on sera dans 12 secondes (car plus on voit le danger tôt, moins la correction pour l'éviter sera brutale). Et bien sûr, il ne faut pas observer que devant. Vous devez en permanence savoir ce qu'il y a derrière vous, sur vos côtés et dans vos angles morts.
En gros, votre tête doit agir comme un véritable radar et chercher toujours à savoir tout ce qui se passe autour de vous quand vous roulez. C'est une sacrée gymnastique intellectuelle, qui épuise d'ailleurs nerveusement, du moins au début. Avec l'habitude, cela devient un automatisme.
Observer c'est bien. Mais observer sans analyser, ça sert pas à grand chose. Analyser Ok, mais comment ?
C'est là que votre expérience et celle des autres va vous aider. Si ce que vous observez vous rappelle une situation typique d'accident, cela doit faire TILT.
Pire, si vous observez quelque-chose que vous ne comprenez pas (une situation du genre: "pourquoi il freine devant? Y'a rien là ! "), cela doit vraiment faire TILT
Encore pire: si vous vous focalisez sur une situation dangereuse, cela aussi doit faire TILT: vous n'êtes plus en train d'observer votre environnement, peut-être qu'il-y-a une autre source de danger que vous n'avez pas vue...
Une bonne analyse implique donc une bonne connaissance des situations dangereuses. C'est là que le CPM expérience et comportement peut vous aider en vous faisant découvrir des situations dangereuses que vous ne connaissiez pas.
Vous pouvez ainsi en tirer quelques règles simples, à appliquer sur la route.
A propos de règles, celle qui m'a valu ma première frayeur

concerne les angles-morts.
Par une matinée ensoleillée, je suivais une fourgonnette sur ma jolie SV toute bleue dans les rues de Mérignac. Je passe le long des usines Dassault et me dirige vers Mérignac centre, en empruntant le pont au-dessus de la rocade à l'échangeur numéro 10. Le feu sur le pont est rouge.
La camionnette s'arrête, moi aussi, juste derrière elle. Une voiture s'arrête derrière moi.
Soudain, je vois les feux de recul de la camionnette s'allumer et la camionnette qui commence à reculer
J'ai beau klaxonner, elle recule toujours. Je réalise alors que le chauffeur de la camionnette ne me voit pas car je suis juste derrière lui, en plein centre de la voie, et qu'il n'a pas de vitres à l'arrière...
Je recule comme je peux à l'aide de mes jambes. Je vois le moment où je vais être pris en sandwich avec la voiture arrêtée derrière moi. Heureusement, la camionnette s'est arrêtée à temps. Puis elle a avancé à nouveau, en changeant de voie vers la droite (sans clignos évidemment), pour prendre la rocade.....
Plus jamais je ne m'arrêterai dans un angle mort !!

"Bah! Finalement c'est pas si désagréable de se traîner comme une larve de temps en temps!." ©JBT