Week-end dans le Vercors : l’envers du décor
Publié : jeu. oct. 06, 2016 16:53
Ceci est un compte-rendu du week-end entre moniteurs de la Casim78 dans le Vercors, organisé par JudasBricot, ayant eu lieu du 21 au 25 septembre 2016.
Bien le bonjour messieurs-dames, il aura fallu attendre 4 ans pour que votre fidèle serviteur se retrouve en charge du compte-rendu, à cause d’une sombre histoire de mauvais timing.
Vous l’avez voulu, voici donc votre premier CR CASIM vu par un Guzziste.
Installez vous confortablement, prévoyez un chiffon pour vous nettoyer la graisse des mains, et pensez bien à ouvrir votre bière *avant*.
Mercredi
Bref, mercredi, c’était le début d’un (loong) week-end moto dans une fabuleuse région qu’il me tardait tant de découvrir, avec la plus fabuleuse moto du monde qu’il ne m’ait jamais été donné de piloter : mon café-racer Guzzi.
Le programme était très simple : le café-racer m’attend en Bourgogne, bien au chaud, pile-poil à mi-chemin de notre destination finale. J’avais plusieurs fois eu l’occasion de tester sa fiabilité toute relative sur des trajets nécessitant au moins une pause ravitaillement, usuellement dédiées à déssécher le gosier de son fier pilote. Je me sentais donc parfaitement serein à l’idée
d’aborder un trip moto de plusieurs jours, à plusieurs heures de vol du nid. Les nouvelles commandes reculées, avec prise en direct sur la boîte et sur le maître-cylindre de frein arrière d’origine, attendaient sagement de prendre leurs fonctions, remplaçant avantageusement le bricolage maison qui avait eu jusque-là la bonne idée d’exister, si ce n’est de se rendre réellement utile (vitesses aléatoires, frein arrière inexistant...).
Je me suis donc encombré de bagages de la plus haute importance : un slip quatre faces (pour 5 jours de sortie, la première face aura largement eu le temps de sécher), une brosse à dents pour accéder aux endroits compliqués du racer, un ou deux tshirts pour nettoyer la graisse de mon front. La place restante m’ayant permis de caser judicieusement quelques Kg d’outils, des pièces de rechange - mais pas les bonnes -, et, bien entendu, la fameuse combinaison anti-pluie qui retient la flotte en dedans et fait pleuvoir si j’ai l’insigne malheur de l’oublier.
L’idée étant d’arriver à l’heure du dîner dans le Vercors, après avoir eu le temps de peaufiner deux-trois détails sur le racer.
Je passe la partie absolument inintéressante de la liaison jusqu’en Bourgogne.
Arrivé sur le coup de 15h chez mon garagiste favori, le temps d’engloutir un soda, hop, j’entreprends de régler les derniers petits détails sur ma fidèle monture.
On vérifie rapidement les niveaux, la pression, je sangle la sacoche avec le kit spécial “n’importe quelle moto”. Et gaz !!
Ah non, pas gaz.
La bécane n’ayant pas roulé depuis deux ans, et n’ayant pas eu l’once d’une lueur de lucidité à ce sujet, la batterie était à plat.
Il est 18h30, je sens que mon hors d’oeuvre va être servi froid.
C’est là que je me fécilite au plus haut point d’avoir eu l’excellente idée d’utiliser le même modèle de batterie sur mes deux bécanes (la troisième, absente dans cette histoire en étant simplement dépourvue. Faut suivre).
D’autre part, l’accessibilité de la batterie du Racer a été parfaitement étudiée : sous la boîte, en lieu et place de l’inutile béquille centrale, fixée grâce à un support maison tenant simplement par deux boulons aux endroits adéquats.
Enfin, à l’époque, je n’avais pas encore monté les.. hum.. «silencieux» d’échappement, qui me bloquent l’accès aux dits boulons.
1h de boulot.
1h pour remonter ce fichu support de batterie...
19h30. Les routes bucoliques que je m’étais programmées vont attendre le trajet retour, je fais donc au plus court : 2h30 par l’autoroute.
Ça me permettra d’arriver pile avant le dessert.
Gaz !
15 minutes plus tard, même pas arrivé au bled suivant, la moto s’étouffe.. puis cale. Hum hum.. Les robinets sont bien en position “ON”.. je teste sur la réserve, ça ne marche pas mieux..
Grmbl, ça commence bien.
Je vérifie l’essence dans le réservoir, il y en a bien largement la moitié ? Je referme, retente de démarrer, et elle repart au quart de tour...
Bon.. ? Bizarre. J’aurais dû flairer les emmerdes à ce moment-là.. Mais j’étais trop fier pour appeller mon assistance
personnelle à la rescousse. Faut savoir assumer, parfois, dans la vie.
1h plus tard sur l’autoroute, passé Lyon, dans une longue descente elle me refait le coup. Je serre les fesses, car cette fois il fait nuit noire et il n’y a ni éclairage, ni circulation...
Pour combler le tout, je n’arrive pas à trouver la pédale de frein...
Je me rendrai compte un peu plus tard que le boulon fixant la rotule à la pédale a préférer se suicider entre Mâcon et Lyon plutôt que
d’avoir à me supporter. P’tit con. Je ne te remercie pas.
Revenons donc à la raison de mon arrêt inopiné.
Bon, à tous les coups, ça doit être la mise à l’air du réservoir qui est obstruée...
Clic-clac le bouchon de réservoir, je redémarre, et ça repart.
Un peu plus loin, les ennuis commencent pour de bon. Autoroute fermée au niveau de l’Isle d’Abeau, je me retrouve donc jeté comme un malpropre sur l’itinéraire bis, ce qui ne m’arrangeait pas du tout.. mon objectif se situant entre Grenoble et Valence.
Pour couronner le tout, le GPS revoit ses prévisions de temps de trajet à la hausse : au lieu de 45 minutes, il m’en recalcule le double...
Je vise plein sud à la lueur jaunasse de mon phare d’origine, sur des routes entrecoupées de bleds paumés, éclairés ça et là par deux ou trois lampadaires, le long de la D518.
Bien entendu, à l’endroit où l’on y voit le moins, où on y trouve le moins de place pour s’arrêter, le moteur hoquète à nouveau.
Comme ça fait un moment que je roulais en plein phare, je constate à cet instant que la loupiotte qui me reluquait depuis un bout de temps correspond au témoin de circuit de charge...
Clic-clac le réservoir, et je redémarre.. Gnigniii.. gnn... gn....
Gnigniii... gnn....
Gn.
.
Oh.
Pu.
Nai.
se.
Pas ça... Mais dans quelle bon dieu de galère me suis-je fourré !?
Je suis fatigué, j’ai à peine avancé depuis la sortie de l’autoroute, je n’y vois que pouichtre, et très peu de monde passe... Je commence donc très sérieusement à m’inquiéter...
De plus, l’éclairage des compte-tours et compteur de vitesse est inopérant, c’est dire à quel point je commençais à me sentir.. seul
Je réessaye encore une fois. Puis deux. Et ça veut bien repartir..
Je garde bien les gaz en grand, et je me concerte avec moi-même pour peser les pour et les contre de la situation.
Je refais le point GPS (vu qu’aucune lueur ne me permet d’étudier la carte routière), effectivement il m’annonce 1h30 de route, mais pour 80 bornes ? Hey, j’ai ptêt un tréteau, mais ce n’est pas une limace pour autant... En gardant une bonne moyenne, je devrais être arrivé en une bonne heure. Allez, GAZ.
Les bornes défilent, la route devient de plus en plus viroleuse par endroits, le bitume reste a priori très propre, j’avance bien.
Je passe même par Chatte, mais il fait tellement noir que je n’y vois pas grand chose. Peu importe, je continue tout droit.
Au final, j’arrive enfin à destination sous le coup de 22h30, harassé mais content d’être entier, en n’ayant plus eu besoin de m’arrêter :
j’ai trouvé le moyen d’ouvrir/refermer le bouchon de réservoir, sous la sacoche, en roulant )
Dès qu’un long bout de ligne droite se profilait devant moi, hop, je glisse la main gauche, et clic-clac.
Je suis accueilli par Olivier C., puis Baptiste qui vient me donner un coup de main pour les bagages (nan mais c’est bon, c’est pas si lourd, une sacoche. )
Bien évidemment, à 22h30, le digestif touchait à sa fin, mais c’est là que j’ai pu mesurer toute la qualité de l’accueil de Georges, le taulier de l’hôtel Jorjane de Choranche... Je ne le remercierai d’ailleurs jamais assez, notamment pour la suite des événements (je vous assure qu’ils ne font que commencer..)
Je retrouve tous les joyeux drilles attablés dans la salle principale, certains manquant d’ailleurs peut-être à l’appel (peut-être avaient-il abusé du bizarre).
Il paraît même que j’ai eu double ration du plat principal, ça a fait des jaloux.
Finalement, c’était un bon choix, cette bécane
Jeudi
M’enfin, à la base je devais vous raconter mon week-end “Vercors”, non ?
Le lendemain, je constate avec des yeux écarquillés que l’endroit est magnifique. Vraiment. J’avais bien vu que la route tournait assez bien depuis une petite heure, mais à part une ligne blanche en continu, et quelques maisons ça et là dans les villes traversées, le reste était aussi noir que mes ongles.
À noter donc : reprendre la même route pour le retour, *de jour*.
Histoire de voir ce que j’ai loupé.
Avant d’attaquer la journée, j’ai un problème de frein à régler.
Georges me donne un accès direct à son atelier, ainsi qu’à toutes ses pièces, boulonnerie, etc.. J’ai la chance de pouvoir dégotter un boulon pile-poil adapté pour ma pédale de frein. Je le bloque bien, cette fois-ci, et j’en embarque deux ou trois en spare.
Au cas où.
Le matin, donc, au moment de partir rouler pour de vrai, cette fois, la batterie est aux abonnés absents. Elle n’a certainement pas dû apprécier la nuit en plein phare, avec un circuit de charge à l’italienne..
Pfff....
On va y arriver, hein !
Baptiste ayant eu l’excellente idée d’apporter des câbles de démarrage, il me les laisse juste après m’avoir dépanné.
“Ils te seront plus utiles qu’à moi, au cas où on ne roule pas dans le même groupe..”
Évidemment, je n’avais pas pris le temps de mettre mon casque et mes gants.
Je lâche donc les gazs, et pof. Je cale...
Là, je vois le visage d’Alain passer du rouge au vert. (Pour info, c’est dans l’autre sens, et il y a du blanc entre les deux couleurs : vert, blanc, rouge. C’est ça, le drapeau italien). Il commence à prendre vaguement conscience de la teneur du week-end avec ma présence.
D’autant plus que je lui annonce que je n’ai pas fait le plein (j’avais d’autres priorités, la veille...), que je ne sais pas combien consomme ma bécane et que je n’ai strictement aucune idée de l’autonomie de la réserve...
Qu’à cela ne tienne, Georges (encore lui!) me fait signe qu’une rue en pente va me permettre de démarrer à la poussette. Un peu courte, mais suffisamment pentue. Je me rends compte à la moitié de la descente que ma vitesse n’est pas bien enclenchée, mais j’arrive à sauver la face dans les 3 derniers mètres ;D
ENFIN JE VAIS POUVOIR ROULER !
Deux groupes se forment pour cette journée : j’ai vaguement retenu une sombre histoire de guêpes, d’abeilles et de bourdons (je pense que j’étais le bourdon, non ?), mais les détails m’ont quelque peu échappé.
Bref, un groupe de gens lents, et un autre groupe d’un peu moins lents.
J’ai juste attrapé le seul groupe qui a eu le courage de m’attendre. Qu’il en soit mille fois remercié
Les quelques minutes de roulage suivantes ont suffi à redonner à la batterie toute la patate nécessaire pour assurer les démarrages suivants, et ce dès le premier arrêt, à peine 10 minutes plus tard. Je n’ai jamais plus utilisé les câbles de secours par la suite.
À partir de ce moment-là, nous avons enchaîné les petites routes viroleuses du Vercors, ses cols, sa fameuse corniche du col de la Machine (la route touristique de Combe Laval, plus exactement), et j’en passe et j’en rebave rien que d’y penser.
Les paysages varient entre forêts fraîches et humides (valant quelques embuages surprises à certains moments), zones dégagées avec des vues magnifiques qui vous sautent à la figure sur les vertes vallées, et zones rocailleuses à souhait à pied de falaises abruptes. Les
nombreux cailloux rencontrés sur la chaussée nous incitant à la plus grande prudence.
Nous traversons différents bleds, mais le seul dont j’ai vraiment retenu le nom était “Lente”. Allez savoir pourquoi.
Nous avons multiplié les pauses bucoliques, histoire d’admirer les paysages à couper le souffle, à se masser le popotin et les cervicales pour certains, à alléger quelque peu le trop-plein de bière pour d’autres.
L’ennui avec ce genre de bécane, non, ce ne sont pas les “ennuis” (après tout ce ne sont que des PNI), c’est qu’il est tout simplement impossible de profiter du paysage lors des pauses culturelles.
Ça n’a quasiment jamais loupé : il y a pratiquement toujours eu au moins un curieux pour venir tailler le bout de gras avec moi
C’est sûr qu’au milieu d’une palanquée de GS, RT, Africa Twin, et autres trails modernes, la Guzzi faisait tache ..
Je me suis surtout rendu compte que les Guzzistes sont bien plus nombreux qu’on ne le croit (spéciale dédicace au couple d’allemands en Norge, ça faisait vraiment drôle à côté de tous ces français en BMW ).
Quant à l’essence, on a trouvé une pompe, sur le trajet du road-book, et ce pile-poil après que je sois passé sur la réserve...
Bien bien bien.
J’ai consacré une partie de la matinée à trouver une “position”. Celle du crapaud sur la boîte d’allumette était assez confortable pour le dos, mais pas franchement géniale pour les genoux, qui débordaient allègrement de part et d’autre de la moto. La position nez dans le compteur, en revanche, me faisait un peu bizarre, car j’avais les rotules en appui sur les cylindres...
Finalement, il s’est avéré que cette dernière position était la moins inconfortable.
Au passage, la pédale de frein arrière n’a pas bougé, surtout après que j’aie constaté son inutilité crasse (probablement une bulle d’air dans le circuit, une purge va s’imposer), je l’ai donc simplement rangée dans la listes des choses à ignorer dans le pilotage de cette bécane.
Lors d’une montée de col, toutefois, grosse frayeur : une forte odeur âcre d’embrayage à sec cramé se fait sentir à plein poumons.. “Mince” , me fis-je, que se passe-t-il donc encore !? Je ralentis un peu le rythme, cherche un peu l’origine de l’odeur, mais plus rien ne se fait sentir.
D’autre part, je suis en train de rouler.. Comment diable pourrais-je sentir mon propre embrayage dans ces conditions quand bien même il serait effectivement en train de rendre l’âme ? La réponse se fit sans attendre : trois ou quatre épingles plus tard, je vois trois gars s’affairer en catastrophe autour d’une boîte à roues, se baissant au niveau de la transmission. Ouf. Fausse alerte
Nous avons croisé un grand nombre de pousse-pédales, au point d’avoir sympathisé avec un couple - enfin, surtout avec la femme -, que nous avons croisé et recroisé à deux ou trois reprises.
Plus tard dans l’après-midi, après un laaaarge détour par des routes toutes plus sinueuses les une que les autres, nous recroisons nos amis cyclistes par le plus grand des hasards
Je me suis bien appliqué à les pousser dans le fossé, cette fois-ci. J’ai très certainement réussi, nous ne les avons plus revus depuis lors.
En fin de journée, nous faisons à peine un détour pour remplir le réservoir d’essence d’un moniteur dont je tairai le nom, eu égard de la profonde sympathie que j’ai pour lui. Alors les gars, c’est qui qui a faussé le road-book ?
La première soirée fut un peu floue. Pour moi, en tout cas. Je me souviens vaguement de deux verres de chaque, d’un nombre important de breuvages [in]distincts, d’un dos et d’une nuque cassés, d’une main droite de bûcheron, d’un cul bien endolori et d’un lit bien douillet. Quiconque ayant l’outrecuidance de sortir du contexte se verra dans mon collimateur pour le restant de la saison.
Vendredi
Vendredi, après avoir passé la nuit avec la batterie sous perfusion d’optimate (merci Georges !!!), ma fidèle Guzzi a démarré au quart de tour.
Nous organisons toujours deux groupes : cette fois-ci, un groupe de très lents parti s’amuser sur les chemins non carrossables (Pascal, Arnauld et Baptiste), et un groupe de nettements moins lents, composé du reste de la bande, ayant préféré éviter de se salir les pattes.
De nouveau parti sur les routes du coin, nous traversons des vallées magnifiques, sous la lueur du soleil qui éclaire les immenses nuages de brume qui s’élèvent depuis les prairies... Magnifique...
Nous faisons une pause dans un bled très justement nommé “Villard de Lans”, où j’offre le café à mes fidèles compagnons. Avec un nom pareil, je me suis senti obligé.
La suite de la matinée se passe sans encombres, jusqu’à ce que j’aie un peu de mal à monter un rapport..
Hum, je retente.. muH ? Où qu’il est passé, le sélecteur !?
Ah bah c’est l’ergot qui s’est fait la malle, cette fois....
Ho ho ho ho, c’est Alain qui va être content
Faut savoir qu’une Guzzi ça n’a jamais de problèmes : il n’y a QUE des solutions. En l’occurence, un simple intervertissement des commandes au pied m’a permis de solutionner le non-problème en moins de deux. Je n’avais même pas pris la peine d’enlever mon casque, d’ailleurs.
En tout cas, les copains ont apprécié cette petite pause improvisée (heureusement que j’avais offert le café juste avant, ils n’ont pas trop bronché du coup ).
Heureusement que j’avais été prévoyant, j’avais prévu le set d’outils adéquats pour pouvoir m’extirper sans trop de mal de ce genre de situations. En tout cas merci à Hervé, j’ai pu inaugurer sa boîte de clef à Clipet sur la plus belle bécane du monde
Plus tard, au retour d’une pause déjeuner sur la pelouse, j’ai vécu un moment d’an-tho-logie !
Un jeune gars cherchait les meilleurs angles pour garder un souvenir photographique de ma Guzzi, je me suis donc approché de lui pour lui demander d’ôter ses sales pattes de là.
C’est alors qu’il me fait, très étonné : “Ah mais vous êtes français !?”.
Il y a eu comme un flottement..
“Ben, euh, oui !? Pourquoi voulais-tu qu’on ne le soit pas ?”
Pointant alors du doigt les moniteurs qui se sont trompés dans le choix de couleur de leur gilet airbag (c’est à dire, pas le noir ;o) ), il me sort :
“C’est que.. vous êtes [presque] tous en BMW, et puis vos trucs fluo, là...”...
AHA HA HA HA HA HAH :’D
Un peu plus tard, au fil de la discussion, j’ai failli l’embrasser :
en réponse à une remarque désobligeante d’un de mes compagnons concernant mon choix de monture, il a lui-même pris ma défense : “Euh, je pense qu’il (moi, donc) se fait bien plus plaisir que vous avec cette bécane”
Le reste de la journée, j’étais tellement à l’aise que j’ai pu me rendre compte que la Guzzi n’avait absolument RIEN à envier aux
copains, à part peut-être le confort sur routes défoncées...
Dieu merci, cette journée-ci a été consacrée à du bitume roulant tout du long, j’ai donc pu profiter à fond des virages qui nous sautaient régulièrement à la figure sans crier gare.
Nous avons enchaîné les serpentins agonisants, voire des successions de tire-bouchons tellement le tracé était tortueux.
Un ré-gal !
J’ai pu me retrouver à l’avant du groupe la plupart du temps, laissant les autres admirer mon joli derrière, le son et l’odeur étant en cadeau, tant que je restais dans leur champ de vision )
J’ai un souvenir ému notamment de la montée du col de Rousse, que nous avons effectué pour la seconde fois d’affilée tellement il était super agréable
Par contre, je tairai les quelques passages empruntés dans les tunnels : je ne suis pas certain que tout le monde aie goûté la joie d’avoir des boules quiès..
Autre petit détail que j’ai omis : j’ai complètement peaufiné ma technique d’ouverture du bouchon de réservoir en roulant lors de ces journées. Clic-clac ! Plus une seule fausse panne d’essence
Samedi
Samedi matin, j’abandonne lâchement la clique, pour ne pas trop leur mettre la honte en les mettant minable avec ma rougne improbable. Je pense qu’ils largement apprécié le geste, vu les sourires ébahis sur les photos de la journée qui s’ensuivit.
Pour ma part, sur le trajet retour (ah ouais en effet, le décor était vraiment pas mal, surtout aux encâblures du Vercors, évidemment), je n’ai pas touché une seule fois au bouchon de réservoir durant mes 3 heures de route.
Faut croire que les vibrations ont finalement eu raison de cette mise à l’air
Bilan de ce trip dans la plus belle région dédiée à la moto qu’il m’ait été donné d’y rouler : un boulon de rotule de frein, un ergot de sélecteur de vitesse (neuf, l’ergot, sinon c’est pas drôle), un ou deux boulons en moins (totalement inutiles, vu que je m’en suis rendu compte seulement au démontage des éléments concernés, des cache-culbus mal serrés (ahh, c’est pour ça, le gras sur mon sélecteur de vitesse ? pourtant ce n’est pas faute d’avoir serré.. enfin, je crois.. !?), et 1 à 2L d’huile en moins dans le moteur..
Il était temps que je rentre
Rarement j’ai eu autant la banane lors d’un trip moto !!
Cette satisfaction a été d’autant plus décuplée que J’ai retapé cette bécane, c’est MOI qui l’ai faite, et c’est MOI qui a tout choisi
dessus (certes, je n’ai pas tout fait tout seul, mais c’est MOI qui l’ai fait quand même !!), et surtout : 4 jours, 1000 bornes, et j’ai même pas eu besoin de l’assistance ... Enfin, à part celle des copains
Dimanche
De retour à la maison, avec la V11, par la route que le monde entier nous envie. La moto ne me paraît pas aussi fade que j’aurais cru, et en tout cas bien plus confortable, mais ... C’est autre chose
Après 4 jours de grand soleil, la flotte nous accueille à bras ouverts une fois franchi le panneau “Bienvenue dans la plus belle région du monde”.
C’est ç’laa, oui.
Les meilleures choses ne devraient *JAMAIS* avoir de fin !
Épilogue
Je ne remercierai jamais assez Alain de nous avoir concocté ce séjour, préparé longtemps à l’avance d’ailleurs, dans ce magnifique coin que je ne connaissais pas encore.
Merci également de nous avoir fait découvrir un des hôtels tenus par la personne la plus accueillante qui soit, Georges - ainsi que sa famille -. Qu’elle soit mille fois remerciée pour les immenses services rendus, afin que je puisse garder la tête haute face aux copains
Et bien entendu, merci à tous les [presque-]moniteurs d’avoir été là, de m’avoir soutenu par vos paroles délicates et empruntes d’un profond respect Et surtout, de ne m’avoir jamais lâchement abandonné à mon triste sort, malgré votre envie très démangeante...
Grosses bises donc tout spécialement à Baptiste, Hervé, Éric, Arnauld, Yohann, Olivier, Natacha et enfin Fabrice.
Mais mais mais... j’oublie notre président !!?
Peut-être la prochaine fois, quand il daignera rouler, ne serait-ce qu’une fois, dans mon groupe... Nan mais.
Votre fidèle guzziste, Hugues.
PS: pour les photos ça viendra, mais le texte est suffisamment imagé ...
Bien le bonjour messieurs-dames, il aura fallu attendre 4 ans pour que votre fidèle serviteur se retrouve en charge du compte-rendu, à cause d’une sombre histoire de mauvais timing.
Vous l’avez voulu, voici donc votre premier CR CASIM vu par un Guzziste.
Installez vous confortablement, prévoyez un chiffon pour vous nettoyer la graisse des mains, et pensez bien à ouvrir votre bière *avant*.
Mercredi
Bref, mercredi, c’était le début d’un (loong) week-end moto dans une fabuleuse région qu’il me tardait tant de découvrir, avec la plus fabuleuse moto du monde qu’il ne m’ait jamais été donné de piloter : mon café-racer Guzzi.
Le programme était très simple : le café-racer m’attend en Bourgogne, bien au chaud, pile-poil à mi-chemin de notre destination finale. J’avais plusieurs fois eu l’occasion de tester sa fiabilité toute relative sur des trajets nécessitant au moins une pause ravitaillement, usuellement dédiées à déssécher le gosier de son fier pilote. Je me sentais donc parfaitement serein à l’idée
d’aborder un trip moto de plusieurs jours, à plusieurs heures de vol du nid. Les nouvelles commandes reculées, avec prise en direct sur la boîte et sur le maître-cylindre de frein arrière d’origine, attendaient sagement de prendre leurs fonctions, remplaçant avantageusement le bricolage maison qui avait eu jusque-là la bonne idée d’exister, si ce n’est de se rendre réellement utile (vitesses aléatoires, frein arrière inexistant...).
Je me suis donc encombré de bagages de la plus haute importance : un slip quatre faces (pour 5 jours de sortie, la première face aura largement eu le temps de sécher), une brosse à dents pour accéder aux endroits compliqués du racer, un ou deux tshirts pour nettoyer la graisse de mon front. La place restante m’ayant permis de caser judicieusement quelques Kg d’outils, des pièces de rechange - mais pas les bonnes -, et, bien entendu, la fameuse combinaison anti-pluie qui retient la flotte en dedans et fait pleuvoir si j’ai l’insigne malheur de l’oublier.
L’idée étant d’arriver à l’heure du dîner dans le Vercors, après avoir eu le temps de peaufiner deux-trois détails sur le racer.
Je passe la partie absolument inintéressante de la liaison jusqu’en Bourgogne.
Arrivé sur le coup de 15h chez mon garagiste favori, le temps d’engloutir un soda, hop, j’entreprends de régler les derniers petits détails sur ma fidèle monture.
On vérifie rapidement les niveaux, la pression, je sangle la sacoche avec le kit spécial “n’importe quelle moto”. Et gaz !!
Ah non, pas gaz.
La bécane n’ayant pas roulé depuis deux ans, et n’ayant pas eu l’once d’une lueur de lucidité à ce sujet, la batterie était à plat.
Il est 18h30, je sens que mon hors d’oeuvre va être servi froid.
C’est là que je me fécilite au plus haut point d’avoir eu l’excellente idée d’utiliser le même modèle de batterie sur mes deux bécanes (la troisième, absente dans cette histoire en étant simplement dépourvue. Faut suivre).
D’autre part, l’accessibilité de la batterie du Racer a été parfaitement étudiée : sous la boîte, en lieu et place de l’inutile béquille centrale, fixée grâce à un support maison tenant simplement par deux boulons aux endroits adéquats.
Enfin, à l’époque, je n’avais pas encore monté les.. hum.. «silencieux» d’échappement, qui me bloquent l’accès aux dits boulons.
1h de boulot.
1h pour remonter ce fichu support de batterie...
19h30. Les routes bucoliques que je m’étais programmées vont attendre le trajet retour, je fais donc au plus court : 2h30 par l’autoroute.
Ça me permettra d’arriver pile avant le dessert.
Gaz !
15 minutes plus tard, même pas arrivé au bled suivant, la moto s’étouffe.. puis cale. Hum hum.. Les robinets sont bien en position “ON”.. je teste sur la réserve, ça ne marche pas mieux..
Grmbl, ça commence bien.
Je vérifie l’essence dans le réservoir, il y en a bien largement la moitié ? Je referme, retente de démarrer, et elle repart au quart de tour...
Bon.. ? Bizarre. J’aurais dû flairer les emmerdes à ce moment-là.. Mais j’étais trop fier pour appeller mon assistance
personnelle à la rescousse. Faut savoir assumer, parfois, dans la vie.
1h plus tard sur l’autoroute, passé Lyon, dans une longue descente elle me refait le coup. Je serre les fesses, car cette fois il fait nuit noire et il n’y a ni éclairage, ni circulation...
Pour combler le tout, je n’arrive pas à trouver la pédale de frein...
Je me rendrai compte un peu plus tard que le boulon fixant la rotule à la pédale a préférer se suicider entre Mâcon et Lyon plutôt que
d’avoir à me supporter. P’tit con. Je ne te remercie pas.
Revenons donc à la raison de mon arrêt inopiné.
Bon, à tous les coups, ça doit être la mise à l’air du réservoir qui est obstruée...
Clic-clac le bouchon de réservoir, je redémarre, et ça repart.
Un peu plus loin, les ennuis commencent pour de bon. Autoroute fermée au niveau de l’Isle d’Abeau, je me retrouve donc jeté comme un malpropre sur l’itinéraire bis, ce qui ne m’arrangeait pas du tout.. mon objectif se situant entre Grenoble et Valence.
Pour couronner le tout, le GPS revoit ses prévisions de temps de trajet à la hausse : au lieu de 45 minutes, il m’en recalcule le double...
Je vise plein sud à la lueur jaunasse de mon phare d’origine, sur des routes entrecoupées de bleds paumés, éclairés ça et là par deux ou trois lampadaires, le long de la D518.
Bien entendu, à l’endroit où l’on y voit le moins, où on y trouve le moins de place pour s’arrêter, le moteur hoquète à nouveau.
Comme ça fait un moment que je roulais en plein phare, je constate à cet instant que la loupiotte qui me reluquait depuis un bout de temps correspond au témoin de circuit de charge...
Clic-clac le réservoir, et je redémarre.. Gnigniii.. gnn... gn....
Gnigniii... gnn....
Gn.
.
Oh.
Pu.
Nai.
se.
Pas ça... Mais dans quelle bon dieu de galère me suis-je fourré !?
Je suis fatigué, j’ai à peine avancé depuis la sortie de l’autoroute, je n’y vois que pouichtre, et très peu de monde passe... Je commence donc très sérieusement à m’inquiéter...
De plus, l’éclairage des compte-tours et compteur de vitesse est inopérant, c’est dire à quel point je commençais à me sentir.. seul
Je réessaye encore une fois. Puis deux. Et ça veut bien repartir..
Je garde bien les gaz en grand, et je me concerte avec moi-même pour peser les pour et les contre de la situation.
Je refais le point GPS (vu qu’aucune lueur ne me permet d’étudier la carte routière), effectivement il m’annonce 1h30 de route, mais pour 80 bornes ? Hey, j’ai ptêt un tréteau, mais ce n’est pas une limace pour autant... En gardant une bonne moyenne, je devrais être arrivé en une bonne heure. Allez, GAZ.
Les bornes défilent, la route devient de plus en plus viroleuse par endroits, le bitume reste a priori très propre, j’avance bien.
Je passe même par Chatte, mais il fait tellement noir que je n’y vois pas grand chose. Peu importe, je continue tout droit.
Au final, j’arrive enfin à destination sous le coup de 22h30, harassé mais content d’être entier, en n’ayant plus eu besoin de m’arrêter :
j’ai trouvé le moyen d’ouvrir/refermer le bouchon de réservoir, sous la sacoche, en roulant )
Dès qu’un long bout de ligne droite se profilait devant moi, hop, je glisse la main gauche, et clic-clac.
Je suis accueilli par Olivier C., puis Baptiste qui vient me donner un coup de main pour les bagages (nan mais c’est bon, c’est pas si lourd, une sacoche. )
Bien évidemment, à 22h30, le digestif touchait à sa fin, mais c’est là que j’ai pu mesurer toute la qualité de l’accueil de Georges, le taulier de l’hôtel Jorjane de Choranche... Je ne le remercierai d’ailleurs jamais assez, notamment pour la suite des événements (je vous assure qu’ils ne font que commencer..)
Je retrouve tous les joyeux drilles attablés dans la salle principale, certains manquant d’ailleurs peut-être à l’appel (peut-être avaient-il abusé du bizarre).
Il paraît même que j’ai eu double ration du plat principal, ça a fait des jaloux.
Finalement, c’était un bon choix, cette bécane
Jeudi
M’enfin, à la base je devais vous raconter mon week-end “Vercors”, non ?
Le lendemain, je constate avec des yeux écarquillés que l’endroit est magnifique. Vraiment. J’avais bien vu que la route tournait assez bien depuis une petite heure, mais à part une ligne blanche en continu, et quelques maisons ça et là dans les villes traversées, le reste était aussi noir que mes ongles.
À noter donc : reprendre la même route pour le retour, *de jour*.
Histoire de voir ce que j’ai loupé.
Avant d’attaquer la journée, j’ai un problème de frein à régler.
Georges me donne un accès direct à son atelier, ainsi qu’à toutes ses pièces, boulonnerie, etc.. J’ai la chance de pouvoir dégotter un boulon pile-poil adapté pour ma pédale de frein. Je le bloque bien, cette fois-ci, et j’en embarque deux ou trois en spare.
Au cas où.
Le matin, donc, au moment de partir rouler pour de vrai, cette fois, la batterie est aux abonnés absents. Elle n’a certainement pas dû apprécier la nuit en plein phare, avec un circuit de charge à l’italienne..
Pfff....
On va y arriver, hein !
Baptiste ayant eu l’excellente idée d’apporter des câbles de démarrage, il me les laisse juste après m’avoir dépanné.
“Ils te seront plus utiles qu’à moi, au cas où on ne roule pas dans le même groupe..”
Évidemment, je n’avais pas pris le temps de mettre mon casque et mes gants.
Je lâche donc les gazs, et pof. Je cale...
Là, je vois le visage d’Alain passer du rouge au vert. (Pour info, c’est dans l’autre sens, et il y a du blanc entre les deux couleurs : vert, blanc, rouge. C’est ça, le drapeau italien). Il commence à prendre vaguement conscience de la teneur du week-end avec ma présence.
D’autant plus que je lui annonce que je n’ai pas fait le plein (j’avais d’autres priorités, la veille...), que je ne sais pas combien consomme ma bécane et que je n’ai strictement aucune idée de l’autonomie de la réserve...
Qu’à cela ne tienne, Georges (encore lui!) me fait signe qu’une rue en pente va me permettre de démarrer à la poussette. Un peu courte, mais suffisamment pentue. Je me rends compte à la moitié de la descente que ma vitesse n’est pas bien enclenchée, mais j’arrive à sauver la face dans les 3 derniers mètres ;D
ENFIN JE VAIS POUVOIR ROULER !
Deux groupes se forment pour cette journée : j’ai vaguement retenu une sombre histoire de guêpes, d’abeilles et de bourdons (je pense que j’étais le bourdon, non ?), mais les détails m’ont quelque peu échappé.
Bref, un groupe de gens lents, et un autre groupe d’un peu moins lents.
J’ai juste attrapé le seul groupe qui a eu le courage de m’attendre. Qu’il en soit mille fois remercié
Les quelques minutes de roulage suivantes ont suffi à redonner à la batterie toute la patate nécessaire pour assurer les démarrages suivants, et ce dès le premier arrêt, à peine 10 minutes plus tard. Je n’ai jamais plus utilisé les câbles de secours par la suite.
À partir de ce moment-là, nous avons enchaîné les petites routes viroleuses du Vercors, ses cols, sa fameuse corniche du col de la Machine (la route touristique de Combe Laval, plus exactement), et j’en passe et j’en rebave rien que d’y penser.
Les paysages varient entre forêts fraîches et humides (valant quelques embuages surprises à certains moments), zones dégagées avec des vues magnifiques qui vous sautent à la figure sur les vertes vallées, et zones rocailleuses à souhait à pied de falaises abruptes. Les
nombreux cailloux rencontrés sur la chaussée nous incitant à la plus grande prudence.
Nous traversons différents bleds, mais le seul dont j’ai vraiment retenu le nom était “Lente”. Allez savoir pourquoi.
Nous avons multiplié les pauses bucoliques, histoire d’admirer les paysages à couper le souffle, à se masser le popotin et les cervicales pour certains, à alléger quelque peu le trop-plein de bière pour d’autres.
L’ennui avec ce genre de bécane, non, ce ne sont pas les “ennuis” (après tout ce ne sont que des PNI), c’est qu’il est tout simplement impossible de profiter du paysage lors des pauses culturelles.
Ça n’a quasiment jamais loupé : il y a pratiquement toujours eu au moins un curieux pour venir tailler le bout de gras avec moi
C’est sûr qu’au milieu d’une palanquée de GS, RT, Africa Twin, et autres trails modernes, la Guzzi faisait tache ..
Je me suis surtout rendu compte que les Guzzistes sont bien plus nombreux qu’on ne le croit (spéciale dédicace au couple d’allemands en Norge, ça faisait vraiment drôle à côté de tous ces français en BMW ).
Quant à l’essence, on a trouvé une pompe, sur le trajet du road-book, et ce pile-poil après que je sois passé sur la réserve...
Bien bien bien.
J’ai consacré une partie de la matinée à trouver une “position”. Celle du crapaud sur la boîte d’allumette était assez confortable pour le dos, mais pas franchement géniale pour les genoux, qui débordaient allègrement de part et d’autre de la moto. La position nez dans le compteur, en revanche, me faisait un peu bizarre, car j’avais les rotules en appui sur les cylindres...
Finalement, il s’est avéré que cette dernière position était la moins inconfortable.
Au passage, la pédale de frein arrière n’a pas bougé, surtout après que j’aie constaté son inutilité crasse (probablement une bulle d’air dans le circuit, une purge va s’imposer), je l’ai donc simplement rangée dans la listes des choses à ignorer dans le pilotage de cette bécane.
Lors d’une montée de col, toutefois, grosse frayeur : une forte odeur âcre d’embrayage à sec cramé se fait sentir à plein poumons.. “Mince” , me fis-je, que se passe-t-il donc encore !? Je ralentis un peu le rythme, cherche un peu l’origine de l’odeur, mais plus rien ne se fait sentir.
D’autre part, je suis en train de rouler.. Comment diable pourrais-je sentir mon propre embrayage dans ces conditions quand bien même il serait effectivement en train de rendre l’âme ? La réponse se fit sans attendre : trois ou quatre épingles plus tard, je vois trois gars s’affairer en catastrophe autour d’une boîte à roues, se baissant au niveau de la transmission. Ouf. Fausse alerte
Nous avons croisé un grand nombre de pousse-pédales, au point d’avoir sympathisé avec un couple - enfin, surtout avec la femme -, que nous avons croisé et recroisé à deux ou trois reprises.
Plus tard dans l’après-midi, après un laaaarge détour par des routes toutes plus sinueuses les une que les autres, nous recroisons nos amis cyclistes par le plus grand des hasards
Je me suis bien appliqué à les pousser dans le fossé, cette fois-ci. J’ai très certainement réussi, nous ne les avons plus revus depuis lors.
En fin de journée, nous faisons à peine un détour pour remplir le réservoir d’essence d’un moniteur dont je tairai le nom, eu égard de la profonde sympathie que j’ai pour lui. Alors les gars, c’est qui qui a faussé le road-book ?
La première soirée fut un peu floue. Pour moi, en tout cas. Je me souviens vaguement de deux verres de chaque, d’un nombre important de breuvages [in]distincts, d’un dos et d’une nuque cassés, d’une main droite de bûcheron, d’un cul bien endolori et d’un lit bien douillet. Quiconque ayant l’outrecuidance de sortir du contexte se verra dans mon collimateur pour le restant de la saison.
Vendredi
Vendredi, après avoir passé la nuit avec la batterie sous perfusion d’optimate (merci Georges !!!), ma fidèle Guzzi a démarré au quart de tour.
Nous organisons toujours deux groupes : cette fois-ci, un groupe de très lents parti s’amuser sur les chemins non carrossables (Pascal, Arnauld et Baptiste), et un groupe de nettements moins lents, composé du reste de la bande, ayant préféré éviter de se salir les pattes.
De nouveau parti sur les routes du coin, nous traversons des vallées magnifiques, sous la lueur du soleil qui éclaire les immenses nuages de brume qui s’élèvent depuis les prairies... Magnifique...
Nous faisons une pause dans un bled très justement nommé “Villard de Lans”, où j’offre le café à mes fidèles compagnons. Avec un nom pareil, je me suis senti obligé.
La suite de la matinée se passe sans encombres, jusqu’à ce que j’aie un peu de mal à monter un rapport..
Hum, je retente.. muH ? Où qu’il est passé, le sélecteur !?
Ah bah c’est l’ergot qui s’est fait la malle, cette fois....
Ho ho ho ho, c’est Alain qui va être content
Faut savoir qu’une Guzzi ça n’a jamais de problèmes : il n’y a QUE des solutions. En l’occurence, un simple intervertissement des commandes au pied m’a permis de solutionner le non-problème en moins de deux. Je n’avais même pas pris la peine d’enlever mon casque, d’ailleurs.
En tout cas, les copains ont apprécié cette petite pause improvisée (heureusement que j’avais offert le café juste avant, ils n’ont pas trop bronché du coup ).
Heureusement que j’avais été prévoyant, j’avais prévu le set d’outils adéquats pour pouvoir m’extirper sans trop de mal de ce genre de situations. En tout cas merci à Hervé, j’ai pu inaugurer sa boîte de clef à Clipet sur la plus belle bécane du monde
Plus tard, au retour d’une pause déjeuner sur la pelouse, j’ai vécu un moment d’an-tho-logie !
Un jeune gars cherchait les meilleurs angles pour garder un souvenir photographique de ma Guzzi, je me suis donc approché de lui pour lui demander d’ôter ses sales pattes de là.
C’est alors qu’il me fait, très étonné : “Ah mais vous êtes français !?”.
Il y a eu comme un flottement..
“Ben, euh, oui !? Pourquoi voulais-tu qu’on ne le soit pas ?”
Pointant alors du doigt les moniteurs qui se sont trompés dans le choix de couleur de leur gilet airbag (c’est à dire, pas le noir ;o) ), il me sort :
“C’est que.. vous êtes [presque] tous en BMW, et puis vos trucs fluo, là...”...
AHA HA HA HA HA HAH :’D
Un peu plus tard, au fil de la discussion, j’ai failli l’embrasser :
en réponse à une remarque désobligeante d’un de mes compagnons concernant mon choix de monture, il a lui-même pris ma défense : “Euh, je pense qu’il (moi, donc) se fait bien plus plaisir que vous avec cette bécane”
Le reste de la journée, j’étais tellement à l’aise que j’ai pu me rendre compte que la Guzzi n’avait absolument RIEN à envier aux
copains, à part peut-être le confort sur routes défoncées...
Dieu merci, cette journée-ci a été consacrée à du bitume roulant tout du long, j’ai donc pu profiter à fond des virages qui nous sautaient régulièrement à la figure sans crier gare.
Nous avons enchaîné les serpentins agonisants, voire des successions de tire-bouchons tellement le tracé était tortueux.
Un ré-gal !
J’ai pu me retrouver à l’avant du groupe la plupart du temps, laissant les autres admirer mon joli derrière, le son et l’odeur étant en cadeau, tant que je restais dans leur champ de vision )
J’ai un souvenir ému notamment de la montée du col de Rousse, que nous avons effectué pour la seconde fois d’affilée tellement il était super agréable
Par contre, je tairai les quelques passages empruntés dans les tunnels : je ne suis pas certain que tout le monde aie goûté la joie d’avoir des boules quiès..
Autre petit détail que j’ai omis : j’ai complètement peaufiné ma technique d’ouverture du bouchon de réservoir en roulant lors de ces journées. Clic-clac ! Plus une seule fausse panne d’essence
Samedi
Samedi matin, j’abandonne lâchement la clique, pour ne pas trop leur mettre la honte en les mettant minable avec ma rougne improbable. Je pense qu’ils largement apprécié le geste, vu les sourires ébahis sur les photos de la journée qui s’ensuivit.
Pour ma part, sur le trajet retour (ah ouais en effet, le décor était vraiment pas mal, surtout aux encâblures du Vercors, évidemment), je n’ai pas touché une seule fois au bouchon de réservoir durant mes 3 heures de route.
Faut croire que les vibrations ont finalement eu raison de cette mise à l’air
Bilan de ce trip dans la plus belle région dédiée à la moto qu’il m’ait été donné d’y rouler : un boulon de rotule de frein, un ergot de sélecteur de vitesse (neuf, l’ergot, sinon c’est pas drôle), un ou deux boulons en moins (totalement inutiles, vu que je m’en suis rendu compte seulement au démontage des éléments concernés, des cache-culbus mal serrés (ahh, c’est pour ça, le gras sur mon sélecteur de vitesse ? pourtant ce n’est pas faute d’avoir serré.. enfin, je crois.. !?), et 1 à 2L d’huile en moins dans le moteur..
Il était temps que je rentre
Rarement j’ai eu autant la banane lors d’un trip moto !!
Cette satisfaction a été d’autant plus décuplée que J’ai retapé cette bécane, c’est MOI qui l’ai faite, et c’est MOI qui a tout choisi
dessus (certes, je n’ai pas tout fait tout seul, mais c’est MOI qui l’ai fait quand même !!), et surtout : 4 jours, 1000 bornes, et j’ai même pas eu besoin de l’assistance ... Enfin, à part celle des copains
Dimanche
De retour à la maison, avec la V11, par la route que le monde entier nous envie. La moto ne me paraît pas aussi fade que j’aurais cru, et en tout cas bien plus confortable, mais ... C’est autre chose
Après 4 jours de grand soleil, la flotte nous accueille à bras ouverts une fois franchi le panneau “Bienvenue dans la plus belle région du monde”.
C’est ç’laa, oui.
Les meilleures choses ne devraient *JAMAIS* avoir de fin !
Épilogue
Je ne remercierai jamais assez Alain de nous avoir concocté ce séjour, préparé longtemps à l’avance d’ailleurs, dans ce magnifique coin que je ne connaissais pas encore.
Merci également de nous avoir fait découvrir un des hôtels tenus par la personne la plus accueillante qui soit, Georges - ainsi que sa famille -. Qu’elle soit mille fois remerciée pour les immenses services rendus, afin que je puisse garder la tête haute face aux copains
Et bien entendu, merci à tous les [presque-]moniteurs d’avoir été là, de m’avoir soutenu par vos paroles délicates et empruntes d’un profond respect Et surtout, de ne m’avoir jamais lâchement abandonné à mon triste sort, malgré votre envie très démangeante...
Grosses bises donc tout spécialement à Baptiste, Hervé, Éric, Arnauld, Yohann, Olivier, Natacha et enfin Fabrice.
Mais mais mais... j’oublie notre président !!?
Peut-être la prochaine fois, quand il daignera rouler, ne serait-ce qu’une fois, dans mon groupe... Nan mais.
Votre fidèle guzziste, Hugues.
PS: pour les photos ça viendra, mais le texte est suffisamment imagé ...